N° 28 – Préservation numérique : introduction à LOCKSS

La gestion des ressources électroniques dans les bibliothèques implique la prise en compte de plusieurs préoccupations. L’une d’elles et non des moindres est la conservation et le stockage à long terme de ces ressources, comme nous sommes arrivés à le faire avec les documents imprimés. Même si « bizarrement » nous ne nous suffisons plus des formes de conservation actuelle des imprimés, produisant maintenant en grande quantité, des versions numériques des ces documents. Avons-nous, pour autant, réglé définitivement le problème de la conservation numérique où devrons-nous dans un avenir lointain refaire la même chose qu’aujourd’hui, c’est-à-dire, faire migrer nos documents numériques actuels vers d’autres formats non encore inventés et qui pourraient l’être ? Brève question pour un avenir incertain en l’état et qui me fait revenir à des considérations purement de mon temps, même si celles-ci sont forcément à liées à l’avenir. Voyons pourquoi.

En général, les bibliothèques actuelles possèdent un fonds de ressources électroniques. Celles qui m’intéressent dans ce propos sont celles qui sont publiées en ligne, via les réseaux et dont l’espace de stockage (les serveurs) ne sont pas toujours physiquement et visiblement identifiés et localisés (comme on le ferait pour un bâtiment de bibliothèque ou rayon dans cette même bibliothèque). Que se passe-t-il alors pour une bibliothèque acquérant ce type de ressources ? L’éditeur lui fournit un accès à ladite ressource stockée sur son serveur (de l’éditeur) avec des conditions d’utilisation généralement restrictives (accès réservé aux seuls abonnés, nombre limite de connexions simultanées, connexions circonscrites à un espace géographique bien défini, etc.).Mais le fait le plus marquant est que la bibliothèque ne dispose pas de la ressource elle-même dans son fonds (la ressource est dans le serveur du fournisseur) et est ainsi exposée à beaucoup de risques liés à la pérennité d’accès à ladite ressource (disparition de l’éditeur, panne de serveur, changement d’éditeur d’une revue, etc.. et donc perte de l’information que l’on a déjà payée). L’enjeu est donc de faire des bibliothécaires les dépositaires du contenu des ressources en ligne qu’elles ont acquises pour en faire des possesseurs et ne plus avoir l’impression de les « louer ». C’est fort de ce souhait que la Bibliothèque de l’Université de Stanford a développé depuis 1999 l’application LOCKSS pour permettre aux bibliothèques de collecter, gérer et accéder aux copies locales des ressources en ligne. LOCKSS (Lots of Copies Keep Stuff Safe) qui signifie littéralement : « Beaucoup de copies rendent la marchandise sécurisée » est devenue depuis lors, une initiative communautaire internationale qui a pour but de fournir aux bibliothèques des outils de conservation numérique et l’appui pour qu’elles puissent facilement et à bon marché rassembler et préserver leurs propres copies de contenu numérique.

C’est une technologie qui repose sur une infrastructure open-source, peer-to-peer (P2P) et décentralisée, dont l’efficacité repose donc sur la collaboration des structures participant au programme LOCKSS. Collaboration des bibliothèques entre elles mais aussi avec les éditeurs (nous en verrons l’importance quand il s’agira d’expliquer le fonctionnement du modèle). Depuis 10 ans quelques 344 éditeurs de revues scientifiques, 194 bibliothèques des 5 continents participent au programme et des milliers de titres sont concernés. L’application LOCKSS est conforme aux stipulations du modèle OAIS traité dans le billet N° 09 et permet de préserver tous formats et genres de contenu publiés sur le Web.

Comment tout cela fonctionne-t-il ? Quels sont les prérequis techniques pour le mettre en route ?

Au prochain post pour répondre à ces questions.


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