N° 105 – Didactique documentaire via hypertexte, une histoire de masques de saisie

À l’aube de cette année 2024 qui est souhaitée être des plus avantageuses pour la majorité d’entre nous, je partage quelques réalisations qui, je l’espère et le souhaite, seront d’un grand apport professionnel à tous ceux qui se donneront la peine de les découvrir. Mais avant de les présenter plus spécifiquement, je voudrais quand même exposer les « quoi », « pourquoi » et « comment » de pareille œuvre.

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De quoi s’agit-il ?

Fondamentalement d’une entreprise de mise à disposition d’outils didactiques en format Web, centrés sur des opérations techniques courantes qui font le lit de nos métiers de l’écosystème documentaire. Un accent, cependant, plus particulièrement mis sur l’exercice de description documentaire utilisant les normes et standards qui s’imposent à nous. N’ayant nul besoin de revenir sur la pertinence et le sens de la description catalographique qui, à certains niveaux d’activité et d’enseignement professionnel, est reléguée au second plan, je me suis senti un devoir de plaider pour un (re)ancrage à la pratique descriptive qui est essentielle pour l’appropriation d’une culture professionnelle tout aussi nécessaire, en ces temps où les frontières identitaires de nos métiers se trouvent floutées en interne comme en externe. Ce flou identitaire, sans doute lié, en partie, à l’évolution numérique des supports documentaires (constituant notre grain à moudre) et qui les rend directement accessibles au plus grand nombre de consommateurs d’informations, pour qui nous jouons le rôle de médiateur actif ou passif de leurs besoins en la matière. L’opération de description et de catalogage demeure la base de cette médiation qui facilite le repérage et l’accès à la ressource souhaitée par l’usager, surtout si cette dernière ne se trouve que dans notre emplacement d’activité professionnelle, qu’il soit bibliothéconomique, archivistique, voire muséal. Cette précédente affirmation, sert de transition à l’exposé sur le pourquoi de l’initiative faisant objet de ce billet.

Pourquoi alors ?

Tout d’abord un constat éprouvé par une trentaine d’années d’expérience de catalogueur ayant vécu, tout ce temps, l’évolution de cette pratique professionnelle, allant de l’Age de l’ISBD classique à celui du modèle conceptuel LRM encore en gestation, en passant par le MARC et l’affirmation de la sublime métadonnée qui est devenue, au fil de ce temps, le fleuron atour duquel gravite notre traitement intellectuel du document.

Une expérience qui a fait me rendre compte d’un certain marasme cognitif concernant la galaxie catalographique, et donc une certaine insouciance de la pertinence que cette activité peut avoir dans une dynamique documentaire personnelle, locale ou nationale, surtout pour des pays en voie de développement. J’entends souvent l’argument que disposer de notices bibliographiques toutes faites est devenue une panacée, depuis que les protocoles d’échanges de données permettent d’importer des notices à partir d’entrepôts dédiés, d’où la non-nécessité de trop investir du temps dans ce domaine. Certes, mais cet argument n’est valable que pour la documentation publiée selon le schéma classique de l’édition et son mode distributif. Qu’en est-il de la littérature grise, qu’elle soit académique, technico-industrielle, orale, véhiculant des savoirs locaux, autochtones, etc. ? Elle n’est descriptible que par les possesseurs de ces collections spécifiques que nous sommes, au risque de demeurer confinée et invisible dans les labyrinthes obscurs des espaces documentaires de conservation, renforçant, pour nous autres africains, les freins de développement socioéconomique national endogène (et autocentré). Il faut contribuer à l’émergence d’une masse critique de praticiens du signalement bibliographique pour visibiliser la documentation « souterraine ». Déjà, rendre familier le vocabulaire professionnel concernant cette partie scientifique du traitement documentaire, en permet une meilleure prise de conscience de ce qui se fait au niveau global et donc facilite le rattrapage de l’embarcation avant qu’elle n’atteigne le large. C’est aussi à cet idéal que répond mon projet Il en va, quelque part, de la survie professionnelle de beaucoup d’entre nous, sachant que plaider dans le secteur de l’information documentaire, à un niveau local ou national, c’est faire preuve d’étalage de compétences qui elles-mêmes servent à convaincre de la nécessité d’existence des structures documentaires et de leur prise en compte dans les agendas managériaux à tous les niveaux. Faire comprendre à des décideurs que la documentation, en tant que part d’un ensemble scientifique, culturel, technique… est un formidable outil d’affirmation de souveraineté, ne serait-ce que par la quantification et la visibilité croissante de savoirs du cru qu’elle peut favoriser.

Comment cela se propose-t-il ?

En me basant sur l’efficacité de l’apprentissage par la pratique (Learning by doing), j’ai imaginé élaborer des formulaires de saisie comme proposé dans les versions DEMO de beaucoup de logiciels documentaires (SIGB et autres dépôts institutionnels). Ces dispositifs sont très efficaces pour maitriser le processus de catalogage et de description, mais ils ne permettent pas souvent de comprendre la logique et le pourquoi des formats de description proposés, ni même le sens des zones (et sous-zones) de saisie, voire des indicateurs de zone du catalogage MARC, par exemple, qui est encore largement utilisé à l’échelle du monde. Les modèles partagés ici, outre le fait de donner la possibilité de procéder à des saisies de métadonnées, comme tout formulaire qui se respecte, sont enrichis par des narratifs contextuels qui expliquent la nature des éléments de description, leur portée, la syntaxe normalisée de description avec, autant que faire se peut, des exemples de métadonnées descriptives. Ces compléments d’apprentissage sont présentés soit, en filigrane à l’intérieur des champs de saisie, soit en infobulle par survol de souris sur l’élément concerné.

Les formulaires élaborés en format hypertexte pour être exploitables via le Web, qui est l’environnement de partage global par excellence, avec un illimité de possibilité d’utiliser les bordereaux de saisie. Ces derniers sont disponibles via une interface bâtie avec le service de fabrique et d’hébergement de sites Web : Google Sites.

Les formulaires prennent en compte les standards de description inhérents aux métiers de la documentation que sont : la bibliothéconomie, la documentation, l’archivistique et une digression vers le monde de la Muséologie. Ils sont présentés ci-dessous par discipline professionnelle, les liens renvoyant à chaque formulaire.

  • Bibliothéconomie

MARC 21 : catalogage de ressources documentaires en format lisible par machine. Originairement nord-américain de l’harmonisation de USMARC (USA) et CAN/MARC (Canada) que j’utilise depuis 2012.

DUBLIN CORE   : pour la découverte et l’apprentissage pratique de description de ressources documentaires numériques dans le format Dublin Core. Le tableau présente les quinze principaux éléments du format et les affinements spécifiques à certains d’entre eux, constituant de fait le Dublin Core qualifié

  • Documentation

GED : formulaire pour la description de ressources dans un système de gestion électronique de documents (GED).

  • Archivistique

ISAD(G) :   description de ressources archivistiques selon la norme ISAD du Conseil international des archives (CIA). Dans chaque champ, est proposée une indication en filigrane pour aider à la saisie de l’élément de métadonnée approprié.

EAD  : Le bordereau ci-dessous permet de se familiariser avec ses éléments de métadonnées descriptives par la pratique. En filigrane, les <balises> d’encodage en XML (expliquées) correspondant aux éléments en langage naturel et une correspondance avec les zones de MARC 21 en bibliothèque.

  • Muséologie

MusDesc  : Terme forgé pour signifier ma description muséale en l’absence d’un référentiel en la matière. Champs de saisie organisés en catégories et sous-catégories adaptés du guide de documentation de collection du Réseau Info-Muse (Québec)

Il est loin derrière, le temps où on cataloguait avec des masques de saisie en format papier et celui où on remplissait des bordereaux de saisie informatisés sans interface graphique hypertexualisée.

Bonne découverte !

PS : À la fin de chaque formulaire en bas, il peut y figurer un bouton de soumission, qui n’a cependant aucun effet sur la saisie des données, parce que ne renvoyant a aucune base de données en aval. Le but est principalement et uniquement de découverte et d’apprentissage par la pratique.

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