N° 72 – Il était une fois la « LibraryBox »

Tel pourrait être, dans un futur plus ou moins lointain, le titre de légende pour une « invention », qui de par ses promesses utilitaires, renforcera les mécanismes en cours et établis pour permettre un accès libre à l’information pour le plus grand nombre de personnes. Le projet LibraryBox repose sur une technologie Open Source permettant de stocker des fichiers numériques (ebooks, des œuvres musicales, etc.) sur un lecteur Flash (clef USB) et de les diffuser grâce à un routeur de poche. Dirigé par Jason Griffey, le projet a pris racine dans le département informatique de la bibliothèque de l’Université du Tennessee à Chattanooga et est utilisé depuis par des bibliothèques pour partager des ressources d’information, notamment des livres électroniques disponibles dans leur catalogue.

Le principe de fonctionnement emprunté au Projet PirateBox, repose sur la technologie Wi-Fi tout en étant indépendant du réseau Internet. En effet, LibraryBox ne permet pas de se connecter à Internet mais peut-être découvert et accessible comme un réseau sans fil standard, par n’importe quelle personne disposant d’un Smartphone ou tout autre appareil doté de la technologie Wi-Fi. De ce fait, toute bibliothèque disposant d’une LibraryBox peut stocker des documents électroniques et les rendre accessibles à des utilisateurs détenant des appareils dotés de cette technologie sans fil. Cela accroît et diversifie, sans nul doute, l’offre de services documentaires au public de la bibliothèque, où conceptuellement on passerait de la notion de catalogue (en ligne) à celle de serveur de documents (expression que j’emprunte à la bibliothèque du CERN qui présente son OPAC en ces termes et que nous avons-nous-mêmes repris pour le nôtre encore en cours de finalisation).

En reprenant la philosophie du projet PirateBox  du professeur David Darts de l’Université de New York et qui permet à quiconque, au sein de l’univers du sans fil, de télécharger des images, musiques, documents, vidéos, et autres types de fichiers et cela dans un anonymat total,  Griffey a cependant modifié le code source initial et modifié certains paramètres de l’application pour le rendre plus conforme aux réalités des bibliothèques, par exemple, celles liées aux droits de diffusion et distribution de certaines œuvres.

Pour ce qui est du matériel technique, il faut savoir que les LibraryBox pré-faites ne sont pas disponibles à l’achat, il faut acheter les composants qui sont peu coûteux et les assembler plus ou moins facilement. Les instructions sont disponibles sur le Web, notamment sur comment configurer le routeur étape par étape. Le modèle de Griffey utilise un routeur portable TP-Link TL-MR3020 dont le prix est d’environ 40 $, les autres composants sont le lecteur flash dont le prix dépend de la capacité de stockage et éventuellement une batterie USB pour l’autonomie électrique.

Rêvons et imaginons-nous dans quelques années en Afrique, avec une généralisation croissante de l’utilisation des Smartphones et des liseuses électroniques, couplée aux possibilités offertes par cette boîte de diffusion numérique, d’avoir la formidable opportunité de servir la documentation à des publics se trouvant dans les zones où la connectivité Internet est défaillante voire inexistante. En lieu et place d’un bibliobus par exemple, le bibliothécaire se déplacerait avec une toute petite boîte pleine de trésors,  une bibliothèque ambulante et discrète aussi fournie qu’une bibliothèque numérique classique, mais sans les pesanteurs d’accès inhérents au protocole Internet et ses adresses physiques, qui continuent d’exclure un très grand nombre de l’accès aux connaissances.

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